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 C'est l'histoire d'un canard ... | Vilmer

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A. Caliste Baker
CALISTE △ if you ever, ever feel like you're nothing, you’re fuckin’ perfect

A. Caliste Baker

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MessageSujet: C'est l'histoire d'un canard ... | Vilmer   C'est l'histoire d'un canard ... | Vilmer Icon_minitimeVen 30 Mar - 15:23

Le ciel est vert, le soleil gazouille, l'herbe est bleue et les oiseaux brillent. Tout, va, bien. Pas vraiment en fait : j'aime ni les oiseaux ni leurs gazouillis.
J'en ai un peu ras-le-cul d'être enfermée ici – quand je dis un peu, j'entends carrément. Y a jamais rien à faire. Les trois mois vont être longs – surtout que je suis là pour … rien. J'ai jamais écris une histoire de ma vie, et ça risque pas d'arriver maintenant. En attendant tous ces benêts lâchent des cris dans la maison et s'extasient devant une marguerite ou une casserole. Y a pas à dire, on a la chance de naissance ou on l'a pas. Manifestement, je l'ai pas.

La bibliothèque est une grande pièce généralement peuplée. Elle est quadrillée par de grandes étagères remplies de gros livres poussiéreux. Ils ont tous l'air plus chiants les uns que les autres. Inutile de parler des images – la majorité n'en ont pas. J'ai du mal à me concentrer sur des livres. Ça m'emmerde. Et puis faudra qu'on m'expliquer à quoi ça sert. Un film, à la limite. Une bande-dessinée, encore. Mais un livre inanimé et sans images est vraiment …
« Ennuyeux. » Je claquais la couverture du livre et le balançais sur la table face à moi. Il parlait d'une ville où tout le monde devenait un rhinocéros. Tout ça pour critiquer le totalitarisme nazi. On a pas idée d'écrire un pavé de théâtre pour ça, franchement ! Et tant qu'à se transformer, autant être un lion, un manchot, un chien ou un étalon – tout ceux-là ont bien plus de classe qu'une grosse bête verte et avec une ou deux cornes sur la gueule. Bref.
Si la bibliothèque avait bien un avantage c'est qu'elle était confortable. En plus des tables et chaises en bois étaient installés en chaque bout d'allée un gros fauteuil deux places rembourré et une table basse. Le chauffage rendait l'air chaud mais pas irrespirable. Le seul point négatif était le silence. Il rendait l'atmosphère de la grande salle pesante, et les gens vides. Plus personne ne paraissait vivant, ils s'étaient tous suicidés – en se coupant les veines avec des pages de livres, peut-être. Et ce fait me fait me sentir extrêmement seule – pourtant ça n'est pas comme si je l'étais vraiment, nous étions plus d'une trentaine ici.
Je décidais de me lever et d'aller à la recherche d'un nouveau livre. Avec des images.
Le rayon bande dessinée est minuscule et bien caché. Il est tout au fond de la bibliothèque, sur la droite, et ne se compose que deux pauvres et petits bacs. La plupart des ouvrages qui s'y trouvent datent d'il y a plus de six ans. Je me tournais vers l'entrée de la salle, où un idiot jouait au bibliothécaire pour la journée. « Eh, ça vous trouerait franchement le cul d'amener des bandes dessinées ?! Merde hein ! » Tout le monde s'était d'instinct retourné vers moi, quand je repassais vers mon fauteuil rembourré, quelques BDs à la main. Personne ne semblait comprendre qu'on puisse vouloir regarder des images marrantes plutôt que de lire un truc barbant et sans intérêt – pour moi tout du moins, et j'étais la seule qui m'importait.
Plutôt que de m'asseoir, je m'affalais en travers dans mon grand fauteuil, la tête sur un accoudoir et les jambes pendantes sur l'autre.
Et à nouveau, une fois que j'ai eu mon cul posé sur le fauteuil, remis ma jupe comme il faut et remonté mon débardeur, il n'y avait plus un mouvement et plus un bruit dans le pièce. Ce silence était toujours aussi ennuyeux. Les gens étaient ennuyeux, le silence était ennuyeux et tous ces putains de livres l'étaient encore plus. Ma bande dessinée finissait rapidement sur la tête d'un de ces idiots et je me mettais à hurler, prêt à briser ce silence.

« Ce matin, un bouquin, a tué un canaaaaaaaaaaaaaard ! »
Ils n'ont visiblement pas l'air d'aimer la musique.
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Vilmer B. Cunningham
LE SAINT DU PÉNITENCIER

Vilmer B. Cunningham

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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'un canard ... | Vilmer   C'est l'histoire d'un canard ... | Vilmer Icon_minitimeSam 31 Mar - 23:18


Les activités de cette journée ont pour limite le grillage de ce gîte dont les murs externes sont sinistres. Pourtant, si on a la foi qui nous pousse à lire ou à écrire, on devrait trouver une occupation évidente : la bibliothèque. On est là pour se distraire parmi les livres, n'est-ce pas ? Pourquoi donc réclamer l'extérieur ? Eh bien il se trouve que l'on a besoin de s'ouvrir aux choses nouvelles, au monde, pour pouvoir écrire de belles choses ; on en a besoin. Monsieur le Pitoyable se demande s'il est donc permis de prendre l'air pour respirer, pour se cultiver dans les cinémas, pour commettre des délis... ou tout simplement pour acheter la bouffe pour ce soir. Il ne doit même pas se poser la question.
Mais bon, on n'est pas là pour prendre du recul ?

Et les fruits ? qui va acheter des fruits pour Vilmer ? Il n'a qu'à attendre que m'sieur Whittier se décide à leur donner des nouvelles car, voyez-vous, monsieur le Pitoyable s'est dirigé vers le grillage puis est reparti avec indignation en constatant qu'il ne pouvait pas sortir. Il s'est présenté un cadenas vieilli. Rien. Pour l'instant ils ont encore le nécessaire, c'est déjà ça...
Monsieur le Pitoyable passera l'après-midi ensoleillé à l'intérieur, dans la bibliothèque, pourquoi pas. Cette pièce qu'est pas aérée, qui sent le bois humide.

« D'accord, c'est là qu'y a tout le monde », murmure-t-il alors qu'il vient de franchir la porte. Une femme — décidément, on ne peut parler que d'elles — lui lance un regard interrogé qu'il rend de façon brève, synonyme d'un « non, rien ». Il observe de loin les étagères bondées de livres, peut-être prend-t-il aussi le temps de les compter.

M. Whittier pensait que nous étions des philosophes. Nous ne sommes que merde, personne n'écrit, les tables sont quasiment vides et auncun livre ne manque à une aucune bibliothèque. Du coup, j'ai honte du surnom que porte Vilmer. On ne peut pas travailler en cogitant sur la singularité de cette pièce, et de tout le gîte. On se demande même à qui cet endroit appartenait.

Une femme — les hommes se cachent tous ou quoi ? — jette un livre de poche pour fuir la rangée. Je lui demande de le remettre à sa place, il le fait en y jetant un bref coup d'oeil ; il n'a que ça à faire. C'est un auteur français, il présume : « Eugène ». Pendant qu'il fouille cette même étagère, il entend la même femme produire un scandal pour pouvoir poser son cul avec une bande-dessinée en guise de lecture.

Elle a visiblement la grande forme. Insupportable à regarder d'ailleurs.
« Ce matin, un bouquin a tué un canaaaaaaaard ! » Vilmer, derrière la bibliothèque, éclate d'un rire étouffé. Il a tout vu. Un canard ?

Il attend que tout le monde s'agite pour s'approcher de cette turbulente inconnue. J'crois pas qu'il craigne qu'elle soit plus provocante que lui. Il y va, confiant, ou plutôt décontracté, même s'il a l'intention de commencer son scénario en lui jetant Eugène Ionesco.

« Lecture facile pour toi, t'es malade ? Pourquoi tu fais ton cirque ? Putain, ça me fout les boules de voir ces gens s'intéresser qu'aux choses faciles : facile de regarder de foutues images (la bande dessiné, pas du tout son truc), facile de gueuler, facile de poser un livre. » Note pour moi-même : monsieur le Pitoyable aime parler de ses couilles.

Il ne s'arrête pas et commence à agripper le bras de cette inconnue au visage provocant : « Lève ton cul et range-moi ça. »
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